Category: Livres,Romans et littérature,Livres de référence
Capital rouge: Un conte soviétique (Regards croisés) Details
Industrie ! Progrès ! Abondance !Nous sommes en 1959. L'URSS est sur le point de réaliser l'utopie communiste qu’elle défend.A travers le regard de différents personnages - réels ou fictifs - et de situations à la fois historiques et imaginaires, Francis Spufford donne vie au moment où le rêve soviétique semblait être à même d’éclipser son homologue américain. Abordant avec une intelligence remarquable les domaines politique, économique, technologique et scientifique, ce texte est à la fois instructif et distrayant, servi par une qualité littéraire indéniable, tant dans l’écriture que dans la construction du récit.Se situant au croisement de plusieurs genres – roman, histoire et conte –, ce livre doit absolument être lu pour comprendre l’idéal soviétique.Simplement ébouriffant.
Reviews
OLNI : Objet Littéraire Non Identifié. Voilà le qualificatif qui sied le mieux à cet ouvrage, cette étonnante et ambitieuse fresque historico-fictionnelle sur les réformes "libérales" menées par le gouvernement de Khrouchtchev entre 1959 et 1964. Roman choral qui suit tour à tour le militant de base opportuniste, le scientifique libre et rebel, le mathématicien pragmatique, le sincère mais coupable dirigeant de la nation, ce livre s'aborde d'abord comme une montagne, car les pièces éparses du puzzle ne s'assemblent pas tout de suite, et les quelques notions de macro-économie distillées nécessitent une pédagogie un peu fastidieuse. Mais cette analyse fictionnelle (car nombre de personnages sont inventés, au côté de personnages publics bien réels) se dévore finalement comme une enquête. Si l'auteur arrive à faire du neuf avec du vieux, cela ne tient pas uniquement à une prétendue modernité de la forme, mais bel et bien parce que les détails de cette "aventure" post-stalinienne sont peu connus en Occident et la fascination qu'exerce cet ouvrage tient en premier lieu dans la sincérité (certes relative mais bien naïve) du projet communiste dans sa volonté d'abondance, abondance qui se traduit par un véritable projet économique concurrent (alternatif, dirait-on aujourd'hui) au capitalisme libéral (mais encore bienfaiteur) de l'époque aux Etats-Unis. Il est tout à fait fascinant d'apprendre les détails techniques découlant de cette politique du Gosplan qui s'appuye sur les recommandations de très sérieux chercheurs. On est donc bien loin de l'image éculée d'un communisme irréfléchi, voire trompeur, en tout cas tel qu'il est perçu avec condescendance de nos jours. En somme, la fin justifiait les moyens, jusqu'au jour où le système a commencé à se suffire à lui-même et à partir du moment où les atrocités ne pouvaient plus trouver aucune sorte de justification. Cette analyse nuancée, bien loin d'en faire l'éloge, montre néanmoins un communisme humain, détourné politiquement au bout du compte, probablement victime de sa propre ambition. Quoique l'on peut penser de cette époque, on ne peut nier le caractère indéniablement fertil qu'a du constituer ce creuset idéologique (dont la cité Akademgorodok est un bel exemple). Cette oeuvre solide aurait néanmoins mérité quelques coupes pour rendre le propos plus clair, plus incisif mais on reste tout de même abasourdi par la somme de connaissances qu'il a fallu compiler pour rendre une telle synthèse intelligible.
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